Sidi-Ifni Bâtiment paquebot |
Rabat Grand style |
El Jadida La cité portugaise |
Azemmour La Casbah |
Casablanca Haut en couleur |
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Quelques mots sur les vues présentées
En premier lieux, si le thème de ma sélection est l'architecture au Maroc, ma sélection n'en présente bien évidemment qu'une très infime partie. Cette sélection n'a donc pour vocation que de présenter que quelques éléments de cette architecture auxquels j'ai été sensible.
Sud Marocain, 130 km au Sud d'Agadir.
Sidi-Ifni est une ville nouvelle construite par les Espagnols dans les années 30, elle n'a été rendue au Maroc qu'en juin 1969.
Le bâtiment photographié est du style dit « paquebot ». Il a effectivement l'allure d'un gros bateau qui s'avance sur la mer. La brume créait une ambiance géniale, le bâtiment était juste défraîchi comme il faut. Un bâtiment repeint récemment n'aurait pas du tout donné la même impression.
Immeuble en face de la cathédrale, à l’angle des rues Ghafsa et Patrice Lumumba, édifié dans les années 20 par les architectes français Laforgue et Graslin.
Les formes, les couleurs, les proportions forment un ensemble classique, harmonieux, très stylé et assurément prestigieux. La double corniche en raison de la finesse de motifs incrustés marque un raffinement incontestable et rappelle le caractère « oriental » du bâtiment. La hauteur des fenêtres associée aux faux piliers, redonnent de la verticalité dans les arrondis. Paradoxalement, on pourrait qualifier cette architecture de classique alors qu'elle est unique.
Vue agrandieEl Jadida (95 km sud de Casablanca) est un ancien comptoir portugais appelé Mazagran par les Portugais. C'est maintenant en 2012 une ville d'environ 175 000 habitants.
Cette photo a été prise dans l'enceinte fortifiée en bord de mer édifiée par les portugais, de fait, on appelle ce quartier " la cité portugaise". Des noms de rue y sont encore écrits en portugais. Jusque dans les années 60, les religions musulmane, juive et catholique y cohabitaient, chacune y ont leur édifice et lieu de culte, toutefois l'église semble maintenant très peu fréquentée et la synagogue semblent avoir fermé. Il semblerait que l'intérieur de cette cité ait été délaissé jusqu'à la fin des années 90, ce n'est plus le cas à présent. Il semblerait que l'on se soit enfin rendu compte de son intérêt patrimonial et historique et que l'on ait trouvé les moyens et la volonté nécessaire à sa réhabilitation. Mais toutes réhabilitations transforment les lieux en même temps qu'elles les restaurent. Transformer en quoi et pour quoi faire ? pour faire des boutiques de luxe ou de bibelots pour touristes, pour faire des boutiques d'art plus ou moins bobos ou "branchées", des boutiques d'artisanat d'art, pour faire des commerces traditionnels, pour faire des lieux d'habitat communs ou huppés ? pour en faire un lieu de vie pour les "vrais gens" du peuple ? A mon sens, il est nécessaire que ces questions soient posées et que l'action publique, et pas seulement les forces du marché déterminent la destinée de ces lieux. Ce type de questions se posent partout, au Maroc comme en France ou en Chine. Toujours est-il qu'en France, j'aime pas les centre ville anciens hyperrestaurés, hyper-propre et les village-musée "kitch".
La photo représente une maison juive : ornementation au dessus de la porte, forme des fenêtres,.... .
A remarquer : le style simplissime de la façade, façade plate, très ordonnée, l'ornementation réduite au minimum, la conservation des boiseries et fenêtres manifestement anciennes. L'état général, les signes d'absence d'usage et à la limite d'abandon de cette habitation marquent un "entre deux", ils constituent des indices historiques tant de l'époque passée que de l'époque présente, ils constituent une source d'interrogation sur l'empreinte des lieux, sur ce que l'on conserve ou pas .... .
Vue agrandie
Azemmour (70 km au Sud de Casablanca, environ 40 000 habitants), ruelle à l'intérieur de la Kasbah.
Comme à El Jadida, l'intérieur de la ville fortifiée est encore partiellement habité par une population plutôt pauvre qui a remplacé la population juive qui a très majoritairement exilé entre les années 60 et 70. Au Maroc, comme dans les villes européennes, on observe progressivement le retour de populations aisées dans les centres historiques : médinas, centres historiques anciens,... . Ce mouvement participe à la réhabilitation de ce type de quartiers, qui dit-on, changent d'âme. Tant que ce mouvement n'est pas achevé, il y a de fait une certaine mixité sociale dans ceux-ci (ex : quartier battant à Besançon, pentes de la Croix-Rousse à Lyon,...), toutefois cette mixité évolue et elle peut n'être qu'une cohabitation géographique sans véritables échanges entre les habitants de ces lieux, ou encore, certains habitants peuvent être considérés comme faisant partie du folklore.
On est ici loin des constructions standardisées, faites sur plan, tout semble unique, parfaitement adapté, simple et paisible, la lumière ce jour était très belle.
Vue agrandie
Casablanca – Balcons et verrières - Mars 2012
Architecture internationale des années 70. Ce bâtiment est situé un peu à l'extérieur du centre historique du Casablanca des années 30.
Le défaut d'uniformisation des vitrages, de la couleurs des rideaux, de l'aménagement des balcons, la présence ou non de linge, ... donnent en fin de compte une impression visuelle harmonieuse et attrayante. On retrouve ici le besoin universel de personnaliser des lieux, des lieux conçus à l'origine dans un esprit d'uniformisation, de standardisation, d'ordre. A remarquer les « cordages », les fils électriques verticaux, la rouille de certains éléments, participent activement et vraisemblablement involontairement au « décors », ils marquent une verticalité, donnent une « patine », voire une ambiance maritime, ... .
Casablanca – Cohabitation en hauteur – Mars 2012
Deux styles cohabitent. Par bonheur, les constructions récentes des années 50 à 70, n'écrasent pas et ne dominent pas la construction art-déco des années 30.
La limpidité du ciel et la vivacité des couleurs tranchent avec le coté défraîchi et avec les traces de moisissures sur la façade. Ces moisissures contribuent à la "patine".
La diversité des styles, des époques et des niveaux de réfection forment un ensemble contrasté, évocateur et harmonieux.
Vue agrandieCasablanca – Immeuble des années 30 - centre historique - Mars 2012
Architecture internationale avec ornementations orientalistes et méditerranéennes (balcons, loggias, toits plats, fausses colonnes,...).
Les éléments de décoration sont épurés et sobres : usage du béton qui permet des forment "moulées".
Les longues lignes verticales rompent le caractère massif de l'édifice.
L'usage de la peinture sur ce type de bâtiment est à relever : usage du blanc mat et des teintes pastels.
L'immeuble juste à coté des années 70, à droite de l'image, témoigne également d'une recherche architecturale dans les formes.
Casablanca quartier El Hank – ZUP à 400 m de la mer – Mars 2012
Architecture de ZUP, ou encore architecture internationale des années 60 –
Cette forme d'architecture et d'urbanisme est issue des réflexions des architectes et urbanistes internationaux. Cette forme se voulait avant tout "moderne", c'est à dire fonctionnelle, rationnelle et organisée en opposition à "l'anarchie" du développement des villes constatée jusqu'alors. Elle a été traduite dans la « Charte d’Athènes (1933)» qui consistait notamment à séparer les lieux de vie, de travail, de loisir, de transport,... .
Éléments d'attention : pauvreté des éléments de décors extérieurs, uniformité des formes des bâtiments, la couleur des murs à l'origine uniforme, larges zones réservées aux parking, absence de commerce, ...... puis petit à petit, transformation des lieux pour aboutir, en dépit des rénovations successives, à une palette variée mais cohérente de couleurs. Encore une fois, le besoin de personnaliser des lieux standardisée à l'origine est à l'œuvre.
Casablanca – Véranda-isation (1) – Mars 2012
Construction vraisemblablement des années 30 à 50 à l'extérieur du Casablanca international des années 30.
Cette photo illustre que la "véranda-isation" un peu anarchique des balcons peut être très belle. Les formes rondes sont aussi charmantes.
Les
fenêtres, les volets, les vérandas, les enseignes rompent
l'uniformité du blanc des façades. Les fils et supports électriques
participent au décors en introduisant des éléments de finesse dans
un ensemble qui pourrait apparaître massif.
« La vache qui rit » est aussi à relever.
(1) Transformation des balcons en véranda.
Casablanca – Angle rond de rue et couleurs – Mars 2012
Comment les accessoires individuels de balcon (parasol, pare-vent, pare-vue,...) constituent des éléments
de décor urbain.
La verdure, le palmier ici, occupe aussi une fonction primordiale dans l'ambiance de la rue.
J'espère avoir réussi à vous faire partager mon intérêt pour ce sujet, je serais heureux de recevoir vos commentaires (daniel.bobillier@yzonka.net).
Voir lien sur "Lumières d'Afrique - D. Bobillier".
Quelques idées qui me guident dans la pratique de la photographie
1- Photographier, c'est observer, c'est s'intéresser à son sujet, l'observation est alors source de découvertes par soi même, de réflexions, ....., même si on rate des photos ou que nos photo ne valent pas grand chose, la démarche vaut le coup.
2 - Photographier, c'est vouloir montrer ce que l'on voit. Ça tombe bien, on ne voit pas tous les mêmes choses,.... .
3 - Voyager, c'est se questionner, c'est comparer entre là bas et chez nous, c'est relativiser, c'est regarder comment on est depuis le lieux de voyage,... .
4 -
Le paysage
urbain, c'est important, quels
sont les éléments constitutifs
de ce paysage, pourquoi et comment ces
éléments sont t-ils arrivés là à notre vue, quelles histoires ?
Comment ce
paysage nous influence t-il ? Supporterait-on le
gris,
l'uniformité, l'absence d'histoire, des choses très lisses et ordonnées partout.... ? Comment
vivent les
gens dans ce paysage ?
sans
être de l'art, la multiplicités des photos, les vôtres, les miennes,
... contribuent à un témoignage et à une réflexion sur ces sujets.