Biais d'opinion, lecture des médias

Application à la situation en Côte d'Ivoire en janvier 2011

Je suis non seulement préoccupé par ce qui se passe actuellement dans ce pays, je le suis aussi par la façon dont on nous informe. Le " on " étant les médias en général,  les radios : France culture, Europe 1, Radio Suisse Romande, RTL, France Inter, ... la presse : le Point,  l’Express, Libération, ... mais aussi plus insidieusement, les moteurs de recherche : GOOGLE, YAHOO, … . Je me sens un peu téléguidé.

Par exemple, ça m'interpelle qu'un journaliste sur France Inter commence sa déclaration sur les ondes en évoquant la situation des deux épouses de Gbagbo,...avant tout propos, son but n'est-il pas de chauffer l'auditeur, de faire passer Gbagbo pour un "gros lourd" de dictateur polygame.  

Ça m'interpelle qu'on n'évoque pas les violences subies par les partisans de Gbagbo, y compris à Abidjan. J'ai une amie ivoirienne originaire de la campagne près de Yamoussoukro dont la famille a été victime de ces violences : la femme et le meilleur ami de son frère égorgés, ces deux oncles victimes de tentatives de meurtre, l'un a eu sa maison brûlée,...  .

Ça m'interpelle aussi qu'on n'évoque pas la situation dans le nord de la Côte d'Ivoire sous l'emprise de la milice issue du coup d’État de 2002. Tout serait merveilleusement démocratique au Nord dans la zone contrôlée par SORO et ses Com'zones (commandants de zone).

Ça m'interpelle que nos bons médias démocratiques sous l'influence d'aucun lobby et d'aucune « agence » ne reprennent pas l'histoire depuis 2000 ou 2002 pour expliquer la situation actuelle.
J'en ai assez que nos médias ne cessent de présenter comme un fait acquis que Gbagbo :  ne respecte pas le scrutin, qu'il doit quitter le pouvoir, ... est un dictateur, est infréquentable.

J'en ai assez que ces médias se copient mutuellement et que seul le style change d'un média à l'autre. Je veux parler des styles : "intello-culture" sur France Culture, "gauche démocrate" dans le Nouvel Obs, "tendance" dans Libération". L'édition  du 7 janvier 2011 de ce journal est exemplaire de ce point de vue là.  Comme dans la PUB, cette diversité des styles et des formes crée l'illusion du choix, d'une pluralité, que globalement l'opinion émise est partagée. Toujours est-il que ces grands médias ne donnent ni la parole aux partisans de Gbagbo, ni même à ceux qui doutent ; ou alors ils la donnent à des opposants marqués d'un discrédit, par exemple à des personnalités étiquetés Front National ou à des types ou femmes cocasses, à Brigitte Bardot ou à je ne sais qui.

L'information est ainsi une affaire d'émotion, d'étiquetage, et puis rendre compte de la complexité des faits, c'est difficile, c'est long.... .

Dans nos médias, à 97 %, tout va dans le même sens. Il s'en dégage une impression d'unanimité, d'évidence, alors que ce n'est justement pas évident.


La façon la plus simple de manipuler les gens, de façonner leur représentation, d'orienter ce qu'ils pensent est de maîtriser les informations qu'ils reçoivent, de les colorier dans le sens voulu, de faire croire que c'est évident, qu'il y a unanimité, que le seul regard convenable sur les faits est celui qu'on leur donne, qu'ils n'y peuvent rien, que les regards contraires sont immoraux, ringards... . Le mensonge semble assez rare mais existe (cf. les armes de destructions massives en Irak),  enfin, je n'en sais trop rien. Quoi qu'il en soit : la sélection des faits, leur simplification, l'omission et la répétition semblent largement suffire. Pour que le message passe, il faut déjà qu'il provienne d'une personnalité authentifiée « chic type » ou spécialiste qui présente bien, et il faut créer l'illusion d'un raisonnement logique à partir de quelques faits réels sélectionnés. Il faut aussi jouer la pluralité, c'est à dire faire croire que les opinions discordantes à celle qu'on énonce sont très largement minoritaires. On a tous tendance à se dire que la large majorité ne peut pas se tromper. On se dit aussi, enfin moi je me le dit que pour maintenir mon intégration sociale, que je n'ai pas intérêt à émettre un opinion contraire à celle de majorité ou à celle du pouvoir. Ce mécanisme mental est pour partie inconscient. Qui résisterait à ce raisonnement :  si 97 sources émettrices disent "blanc" et 3 disent "noir", c'est forcément que ceux qui disent "noir" se trompent. Les moteurs de recherche internet sont très puissants pour nous induire dans ce type d'erreur.

Toutefois, en cherchant bien, en n'acceptant pas le prêt à mâcher intellectuel, en faisant appel à son bon sens, en reliant les éléments, en comparant, en se rappelant les événements passés, on peut évoluer vers plus de discernement.

A la télé fin 2010, dans une émission de divertissement, j'ai appris qu'un jeune groupe de Rap pouvait devenir simplement en quelques mois le groupe phare de la scène Rap, le groupe que tout le monde s'arrache, par le seul fait du talent, de la magie et de la démocratie du net, par les mails entre potes, les blogs,  .... . C'était là propos de l'émission. Super n'est ce pas. La réalité, c'est que tout est orchestré. Il y a des sociétés payées pour alimenter et pénétrer les blogs et les réseaux sociaux ou militants (1) , pour faire passer à la télé, pour que les pages s'affichent en premier (il faut payer pour ça), pour alimenter le buzz, pour passer à la radio, et pour que l'on s'étonne à la fin, enquête à l'appui, de cette ascension fulgurante. Lorsque ça concerne un groupe de Rap, c'est pas bien grave, mais lorsque la manip concerne des sujets relatifs à notre santé, à l'économie, aux solutions pour résoudre le chômage, les relations internationales, la guerre, la paix, l'environnement, .... c'est pas pareil, c'est grave. C'est le même type de "boites" de merde, payées et par des grosses firmes ou par des gouvernements (USA, Qatar, France,...) qui nous distillent des messages qui font qu'il y a la  guerre ou la paix, que l'on soit en bonne santé ou malade (ou mort - voir affaire du Médiator),  que l'on peut être pauvre ou avoir assez pour vivre. En France, des conseillers(res) gouvernementaux sont recrutés chez ce style de boite, passent de chez Havas au gouvernement puis retournent chez Havas ou Publicis.


En effectuant ce travail de recherche, d'analyse, pour me faire une opinion, et en essayant de ne pas tomber dans le piège du "pour confirmer mon opinion", j'ai sélectionné les sites suivant.

Je vous propose de les consulter.

A propos de Guillaume Soro - Le premier Ministre nommé par Alassane Ouattara.
Dans Wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume_Soro ) : " Il est secrétaire général des Forces nouvelles, le mouvement rebelle, et l'actuel secrétaire général du MPCI (Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire). Ces forces dont il est le représentant politique contrôlaient 48 % du pays de 2002 à 2007. ".

A propos du MPCI . Amnesty International est intervenu.
http://www.amnesty.org/fr/library/asset/AFR31/007/2003/fr/43199058-d72a-11dd-b0cc-1f0860013475/afr310072003fr.pdf

Les tueries de Daloa en octobre 2002
http://www.afrik.com/article5192.html

La parole est aux Forces Nouvelles de Côte d'Ivoire (Chef : Guillaume Soro) - ( http://www.fninfo.ci/ )

C'est écrit sur leur site : " Le royaume a désormais son roi - Il (Gbagbo) est le cousin lointain d’Adolf Hitler, celui là même qui a mis en application la théorie de la sélection naturelle des espèces de Charles Darwin" .

C'est hallucinant et très inquiétant que l'ONU qui a forcé les élections se soit imaginé que l'armée du sud allait faire copains-copains avec des types pareils du MPCI. C'est hallucinant que Ouattara, Sarkosy et la fameuse Communauté Internationale les soutiennent.

L'analyse du journal " L'humanité "  sur la situation en Côte d'Ivoire

http://humanite.fr/17_12_2010-c%C3%B4te-d%E2%80%99ivoire-%E2%80%89le-r%C3%B4le-ambigu-des-nations-unies-460486

Le Cameroun et l'Angola ne font pas partie de la communauté internationale. http://www.upc-cameroon.com/


Dans le Nord de la Côte d'Ivoire, tout est "clean"  :  http://fr.allafrica.com/stories/201003300924.html

Le livre " Crime contre l'humanité en Côte d'Ivoire "   
http://www.amazon.fr/Crimes-contre-lhumanit%C3%A9-Massacres-C%C3%B4te-dIvoire/dp/2756900508

Allasane Outarra, le père de la rébellion ivoirienne, par les siens.   http://www.dailymotion.com/video/x88j9i
Le capitaine IB cité dans cette vidéo.   http://www.afrik.com/article6495.html

Dix ans de violences politiques en Côte d’Ivoire  -   http://survie.org/billets-d-afrique/2011/198-janvier-2011/article/dix-ans-de-violences-politiques-en

 
Pour rigoler sérieusement : " Juppé ministre des colonies "  http://survie.org/billets-d-afrique/2011/198-janvier-2011/article/juppe-ministre-des-colonies



Il est manifeste que la situation en janvier 2011 en Côte d'Ivoire résulte du putsch manqué en 2002, qui lui même résultait des élections ratées de 2000, qui elles mêmes résultaient de questions économiques, sociales et identitaires laissées en plan depuis des décennies, questions telles que : le contrôle de l'immigration, la nature des liens avec la France … , les conditions sociales, l'éducation, l'état civil, l'enregistrement des droits fonciers, ...  .

La Côte d'Ivoire, ces quarante dernières années, a été la destination d'une immigration massive de populations maliennes, burkinabées, guinéennes et libériennes qui débutaient dans des petits boulots, qui constituaient aussi la main d’œuvre bon marché et corvéable des ivoiriens de souche plus riches. Cette immigration peu ou pas contrôlée a fini par représenter 25 à 40 % de la population au Nord. Les conditions d'accès à la citoyenneté ivoirienne étaient incertaines. Cette proportion, tout en restant forte, allait décroissante vers le sud. Cette immigration était encouragée par les gouvernements Maliens et Burkina qui y voyaient un moyen de rentrer des devises, d'exporter leurs problèmes d'emplois, de développement économique et de surnatalité,..., un moyen aussi d'étendre leur influence et de propager l'Islam, un accès futur à l'océan, …. . Bien que cette question du prosélytisme musulman soit moins forte aujourd'hui que dans les années 90, cette volonté de conquête par la démographie, par l'installation, par la mise en place de circuit économique « Halal », par la natalité ou encore par l'obligation traditionnelle des non-musulmans de se convertir pour se marier avec un(e) musulman(e) demeure. Cette religion et les conceptions religieuses qui lui sont liées, sont très largement instrumentalisées par les pouvoirs en place et par ceux qui y prétendent. Cela étant, ce n'est nullement le propre de la religion musulmane, ni même des religions "d'Abraham" (Juives, Chrétiennes, Musulmanes).

Dans la décennie 1990-2000, la Cote d'Ivoire a été frappée à la fois par les problèmes de succession de son premier dirigeant depuis l'indépendance, Houphouet-Boigny, et par une grave crise économique : chutes des cours du café et du cacao, concurrence asiatique sur ces matières,... . C'est dans ce contexte démographique, économique et identitaire que le concept d'ivoirité s'est affirmé et s'est finalement inscrit dans la loi. Dans un pays où 25  % des résidents, jusqu'à 40 % dans certaines zones, sont des migrants africains des pays voisins, les questions relatives à "l'Ivoirité", qui est ivoirien, qui ne l'est pas, qui peut voter, qui ne le peut pas,... sont des questions identitaires essentielles. Affirmer comme certains bien-pensants que ce concept est raciste est raciste (raciste ta mère). Tous les pays, du Vietnam, à la Bolivie en passant par le Canada et Dubaï (un mauvais exemple qui ne dérange personne, mais y a un grand prix auto), disposent de règles pour contrôler leur immigration tout simplement parce qu'ils entendent rester ce qu'ils sont. Les Ivoiriens parce que africains et noirs ne le pourraient pas, même, ne le devraient pas. C'est là l'idée de François Hollande du Parti Socialiste Français. Il n'est ainsi pas étonnant qu'en Côte d'Ivoire, la définition des listes électorales a été un sujet important de discorde lors des élections contestées de 2010. En France, les conditions d'accès aux droits de vote sont très encadrées et conditionnées par l'accès à la nationalité et c'est bien ainsi, mais ce serait mal en Côte d'Ivoire !

En 2000, Gbagbo a sorti le joker "Ivoirité" pour écarter Ouattara de l'élection présidentielle. Ce joker "Ivoirité" consistait en une loi qui stipulait qu'il fallait être de mère et de père ivoiriens pour être candidat à l'élection présidentielle. Ceux qui ne réunissaient pas ces deux conditions de parentalité pouvaient voter mais pas se présenter. Il y a pire comme ethnocentrisme ! Pour Ouattara, son père était Burkina, sa mère ivoirienne, ainsi l'application de cette loi est apparue opportuniste. Hé oui, le fait que Ouattara, alors qu'il était dirigeant en second du pays auprès d'Houphouet-Boigny avait fait jeté Gbagbo en prison, venait d'être Monsieur FMI en Afrique et était poussé par la gentille et démocratique Communauté Internationale aurait du protéger Ouattara de cette loi, ..... discutable !

En 2002 en France , on nous a "vendu " les prémices du coup d’État comme une mutinerie de soldats sous-payés, puis progressivement comme un coup d'État militaire. La France, pour se dégager d'un accord de défense avec le gouvernement légal et socialiste de Gbagbo, a alors déclaré que ce putsch était un problème Ivoiro-Ivoirien.  Jacques Chirac, Président de la République et Dominique de Villepin, Ministre des affaires étrangères à l'époque, ont ensuite œuvré pour entraver, la contre offensive au putsch du gouvernement légal ivoirien en évoquant la protection de nos ressortissants. Cette déclaration était d'autant plus une trahison que les services de renseignements français ne pouvaient ignorer depuis le déclenchement du putsch, les transits massifs d'armes depuis la frontière nord avec le Burkina Faso au profit de ces "mutins" sous-payés (voir video   http://www.dailymotion.com/video/x88j9i  ). Les armes ça s’achète, ça se stocke, ça se planque, c'est pas si simple, il faut une logistique spéciale, il faut des complicités, il y a des circuits d'argent. Il est dès lors très probable que les services secrets français étaient informés (sinon y seraient nuls, pourquoi on les paie?) ou ont participé aux préparatifs de ce Coup d’État.

La tactique des "mutins", plus exactement un assemblage de putschistes, de mercenaires, de pauvres types à qui on a promis, avec la caution morale de la lutte contre l'injustice : droits de pillage, de viols, fric, came et alcool, de beaux pick-up armés, ... a été de s'infiltrer en civil dans les villes avec des armes cachées sous les vêtements, d'y investir les lieux stratégiques : commissariats de gendarmerie, les bâtiments publics,... pour au signal, s'en emparer par surprise en tuant les officiels (gendarmes, fonctionnaires,...) et parfois comme à Man, leur famille, femmes et enfants. Cette tactique de guerre en civil-armé a été une source de tension et de suspicion constante à RENDRE FOUS et PARANOIAQUES tant les forces légalistes, que les populations qui ont été et qui sont encore sous cette menace.

En octobre 2002, un mois après le début de la «rébellion », les "mutins" ont muté en "rebelles", se sont rangés sous la façade "respectable" du MPCI, se sont trouvés un chef avec un certificat de respectabilité puisque luttant très globalement contre l'injustice. Ce chef étant un ex-leader d'un mouvement d'étudiants ivoiriens en France, plutôt de gauche, et nommé Guillaume Soro. Il est certes aussi probable que cet habillage de respectabilité comme cette envie d'en découdre résidaient dans un sentiment de ras-le-bol contre les discriminations ethniques et dans le souhait de venger "le massacre de Yopougon" (quartier d'Abidjan) en 2000. Ce massacre de 56 personnes dont les noms étaient à consonance musulmane a été perpétré par des éléments des forces de l'ordre "légalistes"– voir rapport d'Amnesty International. Ce massacre venait en réponse à de graves troubles et à l'armement grandissant d'activistes musulmans de ce quartier. Le sujet est très délicat et peut blesser. Il demeure qu'il est très facile d'instrumentaliser des sentiments victimaires et des sentiments de discrimination. C'est même d'autant plus facile s'il y a effectivement discrimination.  Les nordistes musulmans étaient sans doute victimes de discrimination et de préjugés, sur quelles bases? avec quelle intensité ? difficile à dire.  Ce qui tend au cercle vicieux, c'est que le recours à la violence valide les préjugés et les craintes des discriminateurs.  Après c'est l'emballement, tout ce mélange, tout devient prétexte à tout, on ne sait plus qui a commencé et ça n'a d'ailleurs plus d'importance, mais il y en a qui tirent les ficelles, qui sont derrière tout ça. Et puis, les mots "rébellion", "rebelles" sonnaient bien, ils sonnaient romantique. Le combat contre l'injustice, le combat contre un oppresseur cousin de Hitler (dans le texte du site officiel des Forces Nouvelles du Premier Ministre de Ouattara - Vendredi 31 décembre 2010 -4:37 "La cote d'Ivoire a désormais son Roi"), que c'est beau et juste!  Seulement, lorsqu'on a conscience du massacre de Man, massacre non seulement des gendarmes mais aussi de leur famille par les " rebelles " (voir rapport d'Amnesty lien ci-dessus), cette façade en prend un sacré coup.  Dans l’enchaînement des événements en 2002,  le dynamique leader des " rebelles " de gauche du MPCI, Guillaume Soro est rapidement devenu l'allié du "libéral" Alassane Ouattara ex dirigeant du FMI pour la zone Afrique, ex numéro 1 du gouvernement d'Houphouet-Boigny dans sa vieillesse (époque de la construction de la basilique,....) qui se proposa même de prendre la succession de ce dernier à son décès en 1993. Encore un qui voulait faire don de sa personne à son pays.

De 2002 à 2004, les forces "légalistes" de Gbagbo toujours entravées par l'ONU et par les Français de la Force Licorne, n'ont pas pu reprendre le Nord aux mains des " rebelles ". Le désarmement du Nord était pourtant la tâche de cette force mais celle-ci n'a rien foutu, si ce n'est qu'entretenir l'illusion ... . Ne jetons pas la pierre à nos chers militaires qui agissaient là bas sous l'égide de l'ONU, l'ONU c'est intouchable.  De 2002 à 2010, les populations du Nord ont ainsi vécu sous le contrôle de ces "rebelles" dirigés par notre ami Guillaume Soro secondé par un cortège de petits chefs prompts aux exactions en tout genre : racket, viols, extorsions, favoritismes, meurtres... mais leurs victimes étaient coupables d'être alliées avec le cousin d'Hitler. Ainsi, mon amie a vu en 2005 un commerçant libanais se faire descendre lors d'un petit raid mené par ces types. Compte tenu de la typologie de ses " nouveaux militaires " et évidemment, de la réaction de ceux d'en face, "les légalistes", il y eut des mouvements significatifs de population Nord vers Sud et Sud vers Nord selon que ces populations pouvaient se sentir plus ou moins protégées par les "rebelles nordistes" ou par les "légalistes".

Il faut aussi savoir qu'à la fin des années 90, avant et après la mort d'Houphouet-Boigny, les risques de Coup d'État venant de n'importe quel côté étaient permanents. A Abidjan, la hantise depuis 2000 (massacre de Yopougon) était des infiltrations de civils armés nordistes ou d'origine étrangère (Burkina, Mali,...), ...... ,il y avait une vraie hantise d'une "troisième colonne"Le putsch de septembre 2002 a validé cette hantise. Le massacre de Daloa : une centaine de civils pour l'essentiel maliens massacrés par les forces gouvernementales légalistes lors de leur contre offensive juste après le putsch en octobre 2002 peut être vu tout à la fois comme un des tristes résultats de cette tension, un acte de vengeance, de représailles ou un avertissement. Comme d'habitude nous ne pouvons affirmer si cet acte correspondait à une volonté délibéré du haut commandement militaire ou s'il était le fait d'hommes de troupe à cran ou commandés par un capitaine psychopathe, les guerre représentant des occasions magnifiques à l'expression des petites et grandes psychopathies.

Ainsi en 2010, c'est dans un contexte de quasi partition en deux de la Côte d'Ivoire depuis 8 ans, de deux armées, l'une au Nord, l'autre au Sud, d'une économie qui a régressé - la guerre ça coûte cher et puis ça gène les transports, il y a des surcoûts de toutes sortes,.... qui a évolué vers les trafics et l'informel durable, c'est dans ce climat de grandes tensions, de peurs, d'insécurité diffuse, de ras-le-bol, de rassemblements sur des bases ethnico-religieuses, de rancunes et de haines accumulées vis à vis de ce qui s'est passé ces 10 dernières années, que l'ONU, la communauté internationale et en premier chef, la France a imposé la tenue d'élection. Bravo la France, BRAVO notre grand Président !


Était ce le bon timing pour cette élection ? Manifestement Non

Le préalable à ces élections aurait du être le désarmement total des forces miliciennes de Guillaume Soro au Nord.

L'inconséquence de l'ONU est affligeante.


Il est aussi incroyable que tant la Communauté Internationale (c'est qui au juste?) que l'ONU n'aient rien prévu pour résoudre ou composer avec les haines qui se sont développées entre les forces armées du Nord (dites rebelles) et celles du Sud (dites légalistes). Après les élections, gagnées par l'un ou par l'autre, ces forces auraient du faire copains-copains !!!   - Vraiment, je ne peux pas croire que l'on puisse être si con, je crois plutôt que l'on peut être malhonnête ou lâche.

N'entendre qu'un son de cloche en France, de France Culture à Europe 1, de Martine Aubry à Nicolas Sarkozy, de GOOGLE à Yahoo qui nous livre dans les 100 premiers classements pratiquement que des sites pro-Ouattara, .... tout ça me désole profondément. A ma connaissance, seul le journal " l'Humanité " a eu une vue nuancée des choses.

On n'a pas d'un côté "le gentil nouveau légaliste et démocrate" Allasane Ouattara accompagné de son premier ministre tout propre Guillaume Soro grand combattant rebelle pour la liberté, et de l'autre "le méchant dictateur" Laurent Gbagbo qui s'accrocherait au pouvoir comme un vulgaire dictateur sud-américain des années 70-80.  Sur ce plan là les États-Unis feraient bien de se taire, sans remonter au coup d'Etat au Chili en 1973, ce qui s'est passé en 2009 aux Honduras n'est pas très démocrate ( http://www.lejdd.fr/International/Ameriques/Actualite/Election-contestee-au-Honduras-154397/ ). La France aussi du reste, qui n'y est, promis-juré-craché, pour rien dans le succès électoral du fils de Omar Bongo au Gabon en 2009.

Début 2011, une solution ne peut être trouvée que si les deux partis sont respectés. Cette solution n'est assurément ni dans l'insulte ni dans les remontrances condescendantes sarkosiennes. Il y a déjà eu tellement de mal de fait que si une solution existe, elle sera très difficile à trouver et à mettre en œuvre, il faudra du temps.

Tout de même, une présentation moins manichéenne des choses, la prise en compte de cette complexité, le respect de Gbagbo et la prise en compte de ses partisans aiderait beaucoup. Pour eux, comme pour l'autre camp, il y a tout à la fois un enjeu d'honneur, un enjeu patriotique et en enjeu de sécurité.


En arrière-fond à toutes ces affaires depuis 12 ans en Côte d'Ivoire, il y a bien sûr de gros intérêts économiques. Justement Gbagbo en 2000 voulait émanciper économiquement son pays de la France (Bolloré, Bouygue, Total, France Telecom,...) et l'ouvrir à des pays comme la Chine, le Brésil, la Russie,... .

Pour conclure, le chanteur ivoirien Alpha Blondy s'est exprimé fin 2010 sur la situation actuelle de son pays :"Monsieur Laurent Gbagbo était mon candidat, mais ça ne m'empêche pas de reconnaître la victoire de Monsieur Alassane Ouattara".

Cette déclaration ne règle évidemment rien mais elle contient au moins le respect favorable à un dénouement le moins dramatique qui soit.


L'ONU ferait aussi bien de faire attention, elle risque d'y perdre définitivement sa crédibilité si cette affaire tourne au carnage.

Quant aux médias, ils doivent aussi faire attention, ..... on ne les croira plus, on ne verra en eux que les instruments des lobbies gouvernementaux ou/et économiques.


Daniel Bobillier
daniel@yzonka.net


N'hésitez pas à diffuser si vous avez trouver mon analyse intéressante.

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Une analyse que j'approuve dans le blog de " l'Humanité " du 18/12/2010.

Curieux...simplement

Soumis le 19 décembre, 2010 - 18:44 par Chaka (non vérifié).

Je ne suis ni pro Gbagbo ni pro Ouattara, mais africain qui sait au moins de quoi il parle.
Il est tout à fait curieux que la "communauté internationale" ait autant unanimement et spontanément reconnu et soutenu le candidat Ouattara.
Vu d'Afrique ou les dictateurs élus à la soviétique sont légion et ce avec le soutien de la fameuse "communauté internationale", il est d'emblée suspect de voir cette communauté s'indigner alors même que Compaoré a été élu chez lui à 85% en même temps, que Eyadema fils et autres Bongo fils ont hérité du trône de papa avec les méthodes que l'on sait sans que cette même "communauté internationale" ne s'en émeuve...que Sassou au Congo ait chassé par les armes avec l'aide de ELF (devenu Total) un chef d'état élu démocratiquement...je peux en citer comme ça infiniment...

Alors que l'on m'explique comment on a organisé des élections dans un pays occupé de moitié par des rebelles....que l'on m'explique déjà pourquoi on les appelle les EX-REBELLES" dans les médias occidentaux alors qu'en même temps ces mêmes médias appellent l'armée républicaine ivoirienne "les hommes à la solde de Gbagbo" ou encore "les fidèles de Gbagbo", etc...

Je vous le dis, un africain qui soutiendrait Ouattara aujourd'hui le ferait pour ses intérêts personnels, tellement je pense que le soutien qu'il reçoit de la part des grands de ce monde est le plus grand boulet pour lui...plus que jamais il est le candidat des étrangers....et celui des puissances colonisatrices....

Aucun africain ne peut entendre l'ultimatum lancé par Sarkozy à Gbagbo sans se sentir humilié et blessé dans sa fierté.

Pour moi la partie est terminée...le peuple de Côte d'Ivoire va certainement trinquer après mais pour de vrai, la partie est déjà perdue pour Ouattara...l'image est dévastatrice...celle d'un président prétendument élu qui se met sous la protection d'une rébellion qui elle-même est protégée par les forces onusiennes...

Puis...quand Soro dit qu'il délogera Gbagbo par tous les moyens y compris la force (des armes des rebelles j'imagine...) personne ne trouve à redire...même pas le mec du TPI...

la "communauté internationale" jette de l'huile sur le feu et radicalise les deux camps...au lieu de chercher la voie diplomatique...un massacre entre ivoiriens se prépare sous nos yeux, avec Sarko comme le grand scénariste....de quoi il se mêle????

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(1) Avaaz.org : Une organisation de militants qui me fait m'interroger sur la véritable nature de cette organisation.  Lien sur Avaaz

Ce réseau écrit : " En novembre dernier (novembre 2010), l'ancien Président Laurent Gbagbo a perdu les élections démocratiques. Mais il s'accroche au pouvoir malgré une pression internationale unanime, et s'appuie sur son armée violente qui a tué des centaines de civils. Le cacao est le premier produit d'exportation du pays, et si les entreprises du chocolat cessent de traiter avec Gbagbo, sa source de revenus finançant l'armée pourrait se tarir -- ce qui pourrait le conduire à quitter le pouvoir.

La situation actuelle risque de dégénérer en guerre totale dans les jours à venir. Envoyons un déluge de messages aux plus grandes marques de chocolat les appelant à cesser toute activité avec Gbagbo". 

Or, les faits le montrent, les élections n'étaient pas si démocratiques que ça,  la pression internationale n'est pas unanime, le camp Ouattara/Soro a aussi tué massivement des civils.   je sais notamment que la femme du frère de mon amie a été égorgée par un escadron de la mort proche de Ouattara/Soro.

Cette organisation a aussi écrit  : 

"Cela fait du bien de participer à quelque chose qui peut faire face aussi rapidement à des situations concrètes avec des solutions efficaces pour obtenir le changement. Je découvre que ma voix compte, bien plus que quand je vote... je n'en continuerai pas moins à voter et à espérer. " Patricia Henry, Mexique Membre d'Avaaz

Faire croire au gens que la signature d'une pétition sur le site Avaaz.org compte bien plus qu'un vote, c'est vraiment n'importe quoi, c'est même louche. Comme pour le jeune groupe de Rap, tout est orchestré.  Croyons de façon mitigée à la démocratie du net  et  réfléchissons à nos heuristiques de jugement, prenons en conscience, identifions les biais, révisons les au besoins, soyons méfiants vis à vis de celles-ci,..... et décidons nous quand même .

Et puis une pétition sur internet ne fait rien, inonder de mail Nestlé, n'importe quoi, le seul intérêt d'envoyer un mail à Nestlé est de vous engager par un acte insignifiant et inefficace dans une opinion, c'est ce que montre la psychologie sociale (lire petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens – Joule et Beauvois).